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Coin arrondi

Levée de boucliers contre un immeuble à Satigny

Aménagement | Le propriétaire de l’ancienne cave de Genève a déposé une demande pour un bâtiment de cinq étages. Controverse.

© DR | En haut la rue aujourd’hui, en dessous la même rue avec le bâtiment tel qu’imaginé par des habitants, selon les plans déposés. Une esquisse qui, selon le propriétaire, n’est pas fidèle au projet final.

Isabel Jan-Hess | 15.02.2011 | 00:00

«C‘est inimaginable», «Ce n‘est pas possible» ,«On ne peut pas défigurer», «On n’a pas le droit de défigurer pareillement un village», «L’architecture modernisante n’a rien à faire en face des vieux bâtiments de Satigny», «Un projet irrespectueux du centre historique du village». Ces marques d’indignation et bien d’autres émanent du site de l’Association des habitants de la commune de Satigny (AHCSA), où naît une fronde sans précédent contre un projet immobilier. La construction d’un immeuble de cinq étages et d’un second volet de réhabilitation du bâti voisin de l’ancienne cave de Genève est loin de faire l’unanimité.

Déposé le 11 janvier au Département des constructions et des technologies de l’information (DCTI) par les propriétaires, la requête en autorisation de construire concerne un immeuble de cinq étages, vitré, composé de logements et de commerces au rez. Des parkings et un cheminement piétonnier sont également prévus autour de ce que les riverains appellent déjà «la verrue».

Baptisé les Magnolias, l’édifice sera érigé à l’ange de la route du Mandement et de la rampe de Choully. Une parcelle aujourd’hui vierge et arborisée, située face à des maisons historiques. Certaines sont inscrites à l’inventaire architectural du canton de Genève, ce qui fait bondir les amateurs de patrimoine.

EMS de 85 lits

Première à s’être mobilisée, l’AHCSA s’oppose à une construction trop moderne qui ne s’intègre pas, selon elle, au bâti existant. «Nous avons un vieux village classé avec des maisons en pierre, explique Jean-René Bollier, secrétaire de l’association. Nous comprenons que le propriétaire veuille valoriser son bien, mais il faut que son projet s’intègre au site.»

L’AHCSA a transmis plusieurs observations au DCTI. Parmi elles, le fait qu’il n’est pas opportun d’accorder une dérogation «puisque ni le gabarit, ni le volume, ni le style des constructions ne sauvegardent le caractère architectural et l’échelle du village ancien». Des arguments balayés par le propriétaire, Jean-Daniel Schlaepfer. «Les bâtiments existants ne sont pas historiques, assure le promoteur. Ils datent de 1933, 1951 et 1971. Nous allons simplement construire quelque chose dans une architecture de notre époque. Le projet déposé n’est pas définitif et nous sommes prêts à le modifier si nécessaire.»

Pour le propriétaire, la vision de l’AHCSA est biaisée. «Ils évoquent un immeuble massif en verre de cinq étages; mais ils oublient la déclinaison de la pente. La façade ne sera pas droite ni intégralement en verre. Il y aura bien cinq étages devant, mais ils seront décalés en escalier. Sur l’arrière il n’y aura que trois niveaux.»

Jean-Daniel Schlaepfer et son associé ont déposé leur première demande pour du logement, mais cette dernière affectation devrait encore changer. «Nous avons été approchés par une fondation pour y créer plutôt un EMS. C’est une excellente idée qui pourrait parfaitement se marier à la seconde étape prévue. A savoir la réhabilitation des bâtiments de l’ancienne cave où nous prévoyons d’intégrer des ateliers d’artistes, des lofts et une piscine.»

La Mairie partagée

Les propriétaires déposeront à la mi-mars une nouvelle requête en autorisation de construire, avec cette fois la globalité du projet. Il comprendra également un restaurant et divers locaux commerciaux et administratifs. «Nous serons dès lors prêts à rencontrer les habitants pour leur présenter le projet définitif.»

A la Mairie, c’est le dilemme. «Nous avons demandé une prolongation du délai pour nous positionner, explique la maire Martine Roset. Sur le fond, la commune ne peut pas s’opposer. Ce terrain est constructible et le dossier conforme à la réglementation dans cette zone.»

La maire reconnaît tout de même un côté massif à cette esquisse de construction et admet un décalage visuel. «Je suis allée dans la rue à la rencontre des commerçants et des habitants en leur expliquant le projet.

Les réactions sont effectivement assez vives. Mais il est important de saisir s’il s’agit d’une opposition pure et simple à une construction à cet endroit ou si c’est l’esthétique des bâtiments qui est contestée.»

Dans le premier cas, on ne pourrait pas justifier un préavis défavorable. «Nous pourrions en revanche faire part d’un désaccord quant à une architecture trop moderne et tenter de trouver un compromis plus harmonieux.»


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